Dorra Mahjoubi

Née en 1990 à Tunis, Dorra Mahjoubi est une artiste plasticienne. Alors qu’elle tient les pinceaux depuis son plus jeune âge, sa formation académique débute à l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Tunis en 2013. Pendant ses années d’études, elle fréquente l’atelier du dessinateur Habib Bouhawel qui accompagne sa progression jusqu’en 2016.

Installée à Montpellier depuis 2016, Dorra Mahjoubi a fréquenté l’Université Paul Valéry où elle a pu approfondir ses questionnements par l’obtention d’un Master d’histoire de l’art. Ses travaux de recherche l’ont menée à interroger d’abord l’Oeuvre de Lee Krasner, épouse de Jackson Pollock et femme occultée par la domination masculine au sein de l’expressionnisme abstrait, avant de se tourner vers des travaux plus politiques, consacrés à la difficile reconnaissance de l’art moderne et contemporain en Tunisie.

Très tôt, son attachement à la spontanéité du geste pictural avaient orienté ses premières recherches artistiques vers les principes de l’action painting. Les premières œuvres de Dorra Mahjoubi ont ainsi porté la marque de la présence du peintre face à la toile : le corps, source du mouvement, fut d’abord l’origine et la raison de ses compositions.

Dans une époque où se bousculent les sentiments d’urgence, — qu’elle soit climatique, migratoire, ou identitaire —, Dorra Mahjoubi a ensuite préféré quitter les sphères des arts désengagés pour se mettre au service du réel. Faisant face au dilemme de la nationalité, elle a choisi la citoyenneté méditerranéenne et réfuté toute notion de frontière politique pour mieux s’interroger sur les frontières intimes qui traversent les êtres soumis aux processus d’émigration-immigration ; car, ainsi qu’elle l’affirme avec la force de sa conviction naturelle, « prendre racine de chaque côté de la mer c’est affronter sans cesse l’absence, c’est accepter de se bâtir en silence, c’est paradoxalement exister deux fois et n’exister qu’à moitié. »

Performance :

« LONGUEUR D’UN PAS » est le titre de sa première exposition personnelle qui s’est déroulée en juin 2018, dans le cadre de la 4ème édition du Printemps Culturel Tunisien à Paris et en partenariat avec la Biennale de la mémoire d’Ile de France consacrée à la jeunesse. Dorra Mahjoubi traite essentiellement de la problématique de l’immigration à travers la question du mouvement du corps dans l’espace. Repérée par la Galerie La Lalande au cœur quartier emblématique Daguerre à Paris 14ème, quartier immortalisé par la grande cinéaste Agnès Varda, s’est dans ce lieu qu’elle expose. Artiste en pleine éclosion et à l’avenir prometteur, sort de sa zone de confort et décrit son expérience avec ses couleurs et ses vidéos. Son œuvre, à la fois esthétique et conceptuelle, évoque avec une grande sensibilité la trace de l’être humain sur terre et montre une grande préoccupation de la mémoire personnelle et collective. Son style se distingue par une touche gestuelle et des couleurs vives qui donnent à son travail une facture énergique. L’empreinte est alors son arme contre l’oubli. Elle sillonne les rues, elle se les approprie à travers ses propres pas et ceux de l’autre, cet étranger qui pour elle devient aussitôt un proche. La somme des pas étalés sur le sol et dans les espaces publics abolissent, pour cette artiste, les frontières puis s’enracinent dans une réalité voulue, rêvée ou attendue. Ses œuvres représentent l’intersection de plusieurs chemins qui se croisent, Dorra propose divers formats dont des grands formats aux coloris époustouflants qui murmurent le vécu des traces et des matières.

Dorra Mahjoubi questionne notre existence, la peinture et l’art, en croisant les chemins de nos vies telle une présence qui agit sous l’emprise des médiums artistiques. Ce point de rencontre est une parenthèse dans notre parcours entre les médias qui tous convergent dans nos réflexions.

#1 Les Pas : Le claquement des pas, emplissant l’environnement sonore, reprend ses droits sur le bruissement de la ville. Il devient tintement : personne ne peut arrêter cette marche, l’allégresse de l’avancée. Quand le corps est en mouvement, l’esprit avance vers la pleine conscience du monde et charge l’être humain d’infinies possibilités. Pour éveiller cette conscience, une femme marche, ravivant son désir du monde, éveillant le simple plaisir esthétique du corps en mouvement, dans la tradition de Marinetti à Francis Alÿs. Expérimenter l’immobilité — comme l’a vécu l’artiste à ses dépens — signifie la mort de toute création. Chaque pas émane d’une nécessité, celle d’être et de créer. (Textes : Fanny Pous et Mathieu Boeglin)

 

Référence : https://dorramahjoubi.portfoliobox.net/?fbclid=IwAR2a8SawZ-8ur3Dg3lrtF4IW7XXitvSry1eMjUIo8h-mXVYuokebCFYhtb0

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